Vigne

Tournée des terroirs - Schlossberg

Une invitation à « s’élever »

Publié le 06/07/2023 | par Nicolas Bernard

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Lors de cette 10e étape de la Tournée des terroirs organisée par le Civa, l’aura du Schlossberg a attiré de nombreux amateurs de vins, locaux et touristes à Kaysersberg.
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Au pied du château de Kaysersberg, le terroir du Schlossberg révèle toute son étendue et ses particularités pédoclimatiques.
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La 10e étape de la Tournée des terroirs s’est arrêtée le 25 juin à Kaysersberg pour mettre à l’honneur le Schlossberg. Entre deux dégustations, la guide conférencière, Caroline Claude-Bronner, a retracé la genèse et l’évolution du premier des 51 grands crus alsaciens, de l’époque romaine aux vins « aériens » et « subtils » qui font sa réputation aujourd’hui.


Du haut du Schlossberg, près de vingt siècles vous contemplent. Le 25 juin, à Kaysersberg, le premier des 51 grands crus alsaciens a été comme un livre ouvert à l’occasion de la Tournée des terroirs organisée par le Civa. De l’époque romaine à aujourd’hui, la guide conférencière, Caroline Claude-Bronner, a retracé la genèse et l’histoire d’un terroir réputé pour la qualité de ses vins depuis plus de mille ans. « Les premières vignes sont apparues ici entre le deuxième et le troisième siècle de notre ère. À l’époque, les Romains avaient déjà perçu le fort potentiel viticole de ce terroir idéalement exposé et riche en granite. »

 

 

Au IXe siècle, les premiers murets en pierres sèches sont érigés par des ouvriers spécialisés venus du Val d’Aoste. Sans eux, le potentiel vinique du Schlossberg n’aurait jamais pu voir le jour, souligne Caroline Claude-Bronner : « C’est grâce à eux que les sols restent en place. Par endroits, il n’y a que trente centimètres de terre. Au moindre orage, cela serait lessivé. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il faut privilégier l’enherbement et minimiser le travail du sol ici. Cela reste un terroir fragile. » La cité de Kaysersberg n’existait pas encore (elle commence à être mentionnée à partir du XIIIe siècle seulement), mais une voie romaine y avait bien été aménagée sous ce qui est aujourd’hui l’avenue du Général de Gaulle. C’était un point central pour contrôler ce qui venait de la plaine d’Alsace d’une part, et du col du Bonhomme de l’autre. « On appelait le lieu Mont Cesaris, en référence à l’empereur. »

Un terroir « aérien » et « subtil »

Mille ans plus tard, la cité de Kaysersberg voit progressivement le jour au pied du château bâti avant tout comme une forteresse de surveillance. Ce sont d’abord des commerçants qui ont commencé à s’installer ici, attirés par le potentiel économique des vignes du Schlossberg. Le vin produit sur ses coteaux transitait ensuite par Colmar avant d’être acheminé à l’étranger via l’Ill et le Rhin, notamment dans le nord du Saint Empire germanique et en Suisse. « On exportait plus de vins d’Alsace à l’époque qu’aujourd’hui. Notre région était alors considérée comme la Provence du Saint Empire. On pouvait vendre du rêve et du bon vin à des clients fortunés. En intégrant le Royaume de France, la donne a changé. L’Alsace était considérée comme la Sibérie du pays, il y avait toute une réputation à refaire. Et ceci prend du temps. »

 

 

Aujourd’hui, le Schlossberg n’a rien perdu de son aura auprès des amateurs de vins d’Alsace, notamment chez les adeptes de rieslings secs et particulièrement minéraux. Les 80 hectares qui le composent tirent leur quintessence des vestiges de la chaîne hercynienne formée il y a 300 millions d’années, et constituée de granites et de roches volcaniques. À cela s’ajoutent tous ces « microdétails » qui permettent à ce terroir de faire émerger des vins exceptionnels : des haies et arbustes plantés ici et là, l’ombre portée de la montagne, l’orientation plein sud, les circulations d’eau, et ce fameux vent de fin de journée qui rafraîchit délicatement les raisins. Et puis il y a le facteur humain, entre les vignerons qui font de leur mieux pour valoriser ce terroir escarpé, et les consommateurs prêts à mettre le prix dans des vins qui sortent de l’ordinaire. « Pour le Schlossberg, c’est un mélange habile de puissance et de subtilité qui nous invite à nous élever un peu plus haut, » conclut la guide-conférencière.

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