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Ce 6 décembre sur Arte

Vol au-dessus d’un nid de cigognes

Publié le 06/12/2020 | par Florence Péry

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Ces cigognes ont élu domicile dans un saule pleureur. Mais elles affectionnent aussi les cheminées des maisons ou des édifices publics.
Jean-Luc Nachbauer
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Près du parc de l’Orangerie à Strasbourg, une jeune cigogne a du mal à prendre son envol.
Jean-Luc Nachbauer

Le dernier film du réalisateur Jean-Luc Nachbauer, « L’Alsace, terre de cigognes », est diffusé ce dimanche 6 décembre sur Arte.

Tourné ce printemps, le dernier film documentaire du réalisateur Jean-Luc Nachbauer est consacré à la réintroduction des cigognes blanches en Alsace. Au début des années 1970, il restait si peu de couples de reproducteurs dans la région que l’oiseau emblème de l’Alsace a bien failli disparaître. Un programme de réintroduction a été lancé, avec l’installation de 200 cigognes provenant de différents pays du Maghreb dans une vingtaine d’enclos répartis du Nord au sud de l’Alsace. Les oiseaux ont été sédentarisés pendant trois ans, afin de leur faire perdre l’envie de migrer, les accidents de migration étant l’un des points noirs pour la survie de la cigogne blanche.

Une réintroduction trop bien réussie ?

Quarante ans après les premières réintroductions, les cigognes blanches sont revenues en nombre dans le ciel alsacien. Dans les villes et les villages, elles font leur nid, générant parfois des nuisances ou des dangers pour la sécurité des habitants. On recense plus de 1 000 nids en Alsace aujourd’hui, rapporte Jean-Luc Nachbauer. Le sauvetage aurait-il « trop bien réussi » ? C’est ce que le réalisateur a cherché à comprendre en allant à la rencontre de différents personnages : Gérard Wey, un « Storckapapa » de la première heure, des maires plus ou moins satisfaits de l’installation de l’échassier dans leur commune, un agriculteur qui exploite des prairies en zone inondable très prisées par les cigognes, un artisan fabriquant des nids « sécurisés ».

Entre les différents témoignages, le documentaire donne à voir le gouffre qui peut exister entre l’image de la gentille cigogne véhiculée par la culture populaire et la réalité, celle qui conduit parfois des cigognes adultes à jeter leur progéniture hors du nid, par manque de nourriture ou lorsque le cigogneau est trop chétif… Le réalisateur évoque aussi le bouleversement de l’instinct migratoire de la cigogne induit par la sédentarisation de l’espèce, qui trouve désormais à se nourrir dans les décharges publiques. Inévitable revers de la médaille ? La question se dessine en creux au fil du film.

Les imprévus du tournage

Le tournage ayant débuté au début du premier confinement, ce printemps, Jean-Luc Nachbauer a dû faire face à quantité de difficultés pour le mener jusqu’à son terme. Il a d’abord fallu convaincre les deux préfectures du bien-fondé de tourner un film animalier en pleine épidémie. Et faire avec les aléas liés au sujet lui-même : malgré tout l’intérêt qu’il leur portait, les cigognes n’ont pas songé à avertir le réalisateur de leur prochain départ d’Alsace, ce qui fait qu’il a failli manquer le moment de la migration… Les contraintes sanitaires et les restrictions de déplacement ont également pesé sur les conditions de tournage. Le résultat, toutefois, ne s’en ressent pas. En témoignent les très belles images, que l’on doit à Clément Nachbauer, le fils du réalisateur.

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