Pratique

Élections sénatoriales

Sénateurs, dans l’ombre des territoires

Publié le 27/09/2020

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Pascale Ludwig.
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Christian Klinger.
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André Reichardt.
Germain Schmitt
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Yann Flory.
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Jean-Georges Trouillet.
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Antoine Herth.
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Gérard Bouquet.
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Ce 27 septembre, les élections sénatoriales se déroulent dans plusieurs départements de France pour renouveler 172 des 348 sièges. Dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, 125 candidats lorgnent le Palais du Luxembourg, où, avec leurs partenaires de l’Assemblée nationale, ils bâtiront le socle législatif. Mais cette mission est loin d’être la seule motivation pour ces futurs représentants des collectivités.

Lorsqu’ils ont répondu à notre appel, certains des candidats aux élections sénatoriales de ce 27 septembre jonglaient avec leur conseiller bancaire afin de fournir à l’État tous les documents nécessaires pour leur déclaration d’intérêt. Intégrité oblige. D’autres terminaient un tour à vélo entre amis. À chacun sa façon de se préparer à une nouvelle vie, entre l’Alsace et Paris.

Avant, surtout, d’embrasser un nouvel engagement : celui de porter la voix des collectivités territoriales au Parlement. C’est la raison première affichée par les candidats. « À l’Assemblée nationale, nous passons notre temps à débattre. Au Sénat, il est plutôt question de faire avancer des projets concrets : c’est ce qui m’attire aujourd’hui », remarque Antoine Herth, à la fin de son 3e mandat de député, et tête de la liste La République en Marche – Agir – Modem Agir pour l’Alsace, dans le Bas-Rhin.

Représenter les territoires, et en particulier les maires, qui forment la majeure partie des 4 763 grands électeurs de la région, chargés de choisir les sénateurs. Les édiles sont un public averti car aux premières loges. Certains sont frustrés au point de s’inviter parmi les candidats. « J’ai rencontré beaucoup d’élus de la vallée ou du bord du Rhin, avec des problématiques différentes, constate Christian Klinger, maire de Houssen, président de l’association des maires du Haut-Rhin et candidat aux sénatoriales sur la liste Les Républicains Majorité alsacienne 68. Je me suis surtout rendu compte que j’avais du mal à pousser les portes pour solutionner les problèmes et, que les députés et sénateurs actuels ne m’aidaient pas tant. Notamment sur le projet de méthanisation des territoires et les investissements difficiles à obtenir pour accéder aux réseaux de distribution de gaz. Au Sénat, j’espère réussir à ouvrir les portes du ministère de l’Agriculture et servir de liant avec les distributeurs d’énergie. »

Du pouvoir aux collectivités

Des candidatures sont motivées par l’espoir de développer des grands projets, d’autres par celui de se faire entendre. « Mon idée est vraiment de défendre les maires ruraux car ils doivent gérer beaucoup, avec très peu de moyens », regrette Pascale Ludwig, ancienne maire de Keffenach, une commune de 187 habitants, dans le nord de l’Alsace. Pour elle, il est grand temps d’éveiller les consciences pour revaloriser le rôle des maires des petites communes. C’est pourquoi elle a initié la liste de divers droite Ruralité, une vitalité partagée. « Les maires des petites communes doivent souvent travailler car leur indemnité n’est pas suffisante mais, quand l’agent technique tombe malade, ce sont eux qui se retrouvent à sortir les poubelles de l’école. En plus, ils sont en bout de chaîne et peinent à obtenir des financements pour leur commune. Des années, j’ai espéré recevoir des subventions pour faire construire une piste cyclable. En vain. Les communes voisines, plus grandes, raflaient la mise. C’est hypocrite de vouloir placer la ruralité au cœur des territoires, si on l’oublie, alors que de nombreuses personnes travaillant à la ville y habitent ou viennent s’y approvisionner », déplore cette assistante commerciale.

Des citoyens, encore jamais élus, ont même décidé de s’engager dans la bataille pour relayer cette voix des maires. « Dans ma commune de Richwiller, par exemple, le maire a voulu limiter l’épandage, à l’approche d’Ehpad ou d’écoles, pour des raisons de santé publique, mais il n’a pas pu. Les élus locaux devraient pouvoir promulguer ce genre d’arrêtés », attend Yann Flory, habituellement porte-parole du collectif Destocamine-Nappe phréatique en danger. Cette fois, il mènera la liste Écologie, notre avenir à tous, et espère toucher l’électorat sénatorial alsacien, traditionnellement plus conservateur.

Redonner du pouvoir aux collectivités territoriales, des plus petites aux plus grandes, c’est le souhait commun des candidats. Une mesure qui rime avec davantage de décentralisation : de l’autonomie fiscale pour les maires à plus de compétences pour la prochaine Collectivité européenne d’Alsace, en passant par des rêves encore plus fous. « Notre idée est d’impulser une VIe République décentralisée pour que les décisions ne soient plus prises dans les cabinets de l’Élysée », clame Gérard Bouquet, candidat pour le Parti radical de gauche sur la liste Alsace et République. « De notre côté, nous souhaitons réformer le Sénat pour qu’il joue vraiment son rôle de Chambre des territoires, comme c’est le cas en Allemagne, avec le Bundesrat, qui représente chaque Land et non des partis politiques », ambitionne Jean-Georges Trouillet, à la tête de la liste régionaliste Pour l’Alsace – FER’S ELSASS, dans le Haut-Rhin.

Co-constructeur plus qu’opposition

Toutes ces idées résonneront ou verront le jour, qui sait, si les sénateurs activent avec brio leur deuxième casquette : celle de législateur, aux côtés des députés, qui ont le dernier mot dans l’élaboration des textes de loi.

De quoi provoquer ou encourager les futurs sénateurs. « Je pense qu’aucun sénateur n’a jamais ressenti de complexe d’infériorité. Il connaît les règles du jeu et les accepte. Son rôle en sera renforcé », analyse André Reichardt, sénateur depuis 2014 et de nouveau prétendant au poste dans le Bas-Rhin, sur la liste de divers droite Les Voix de l’Alsace au Sénat. Pour lui, bien que dominé aujourd’hui par la droite, le Sénat ne doit pas être une chambre d’opposition mais de co-construction. « Quand j’ai été vice-président de la commission des lois, j’ai été saisi de 9 textes de loi sur 10. Toujours, j’ai cherché à enrichir la loi en faveur des collectivités. Parfois, nous avions envie de tout rayer, mais ça n’aurait servi à rien car l’Assemblée nationale aurait repris la version initiale à l’issue de la navette entre les deux Chambres. Finalement, nous sommes plutôt fiers, car plus de 60 % des amendements déposés par le Sénat sont retenus », détaille-t-il.

Une image qui a fini par séduire aussi les députés. « En tant que rapporteur de la loi sur l’orientation agricole, en 2006, j’ai travaillé avec mes homologues du Sénat. J’ai pu constater que l’Assemblée nationale légiférait sous la pression de l’opinion et des lobbies. Au Sénat, une ambiance de travail plus sereine régnait, sans hiérarchie, ni pression », se souvient Antoine Herth, aujourd’hui candidat pour la majorité gouvernementale.

Aucun de ces candidats n’envisage son mandat au Palais du Luxembourg comme un sas de décompression ou un moyen de remplir ses poches avant la retraite, comme on le reproche souvent aux sénateurs. « Pour ma part, j’y suis déjà, je n’ai pas besoin de ça. J’y vais pour travailler et pour rejoindre tous mes collègues qui ne rechignent pas à partir à 5 h de la gare de Strasbourg pour Paris, à veiller la nuit ou le dimanche, si besoin », déclare Gérard Bouquet, l’ancien maire de Schiltigheim.

 

 

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