Élevage

Festival de l’élevage de Brumath

Rendez-vous en 2021

Publié le 01/05/2020 | par Florence Péry

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En 2000, le festival de l'élevage avait déjà été annulé pour cause de fièvre aphteuse. Cette fois-ci, c'est l'épidémie de coronavirus qui conduit à faire l'impasse sur la 40e édition.
Germain Schmitt

La 40e édition du festival de l’élevage devait avoir lieu les 16 et 17 mai, autour du plan d’eau de Brumath. Ses organisateurs ont préféré l’annuler, sans certitude quant à la possibilité d’un report plus tard dans la saison. D’autres manifestations agricoles estivales risquent d’être annulées de la même façon.

« Dans un premier temps, on avait envisagé le report du festival de l’élevage car on ne savait pas trop où on allait, indique Marc Schneider, président du festival de l’élevage de Brumath. Mais, vu la situation, on s’est rendu compte que ce serait difficile de trouver une nouvelle date. On ne voulait pas rentrer en concurrence avec les concours de labour - s’ils ont lieu - et la seule possibilité qui restait, c’était fin septembre, après la foire européenne de Strasbourg. Mais, à ce moment-là, ce sont les récoltes qui commencent : ça n’aurait pas été évident de mobiliser du monde. » Les organisateurs ont donc préféré annuler purement et simplement la manifestation phare de l’élevage bas-rhinois.

Une décision de raison

Fixer une nouvelle date aurait de toute façon constitué « un pari risqué », dans la mesure où le confinement, prolongé une première fois le 13 avril, pourrait être prolongé une nouvelle fois et sa levée n’intervenir que de façon très progressive. Trop d’incertitudes pour un festival qui, malgré sa longévité, se prépare longtemps à l’avance : le plan d’eau est réservé d’une année sur l’autre mais il faut se préoccuper de la location des chapiteaux, de la sélection des animaux, des contacts avec les juges, de la préparation du catalogue, bien en amont, et veiller à ce qu’il y ait assez de bénévoles pour assurer une organisation sans faille le week-end de la fête. 2020 coïncidant avec la 40e édition du festival, les organisateurs avaient même prévu de faire fabriquer des « éco-cups » à l’effigie des 40 ans.

« C’est dommage d’annuler mais c’est une décision de raison », souligne Marc Schneider, conscient qu’en période d’épidémie de coronavirus, les sponsors habituels ont aussi d’autres chats à fouetter. « Ca aurait fait du bien de retrouver l’ambiance du plan d’eau. Le festival est toujours l’occasion de se retrouver entre agriculteurs, et particulièrement entre éleveurs. Mais c’est comme ça, ce n’est pas la seule chose qui est hors norme cette année. » Frédéric Bernhard, président du syndicat des éleveurs simmental d’Alsace, parle aussi d’une « occasion manquée » : une dizaine de membres du syndicat se mobilisent chaque année pour assurer l’intendance (montage des chapiteaux, restauration, rangement) au côté des éleveurs des autres races et participer au concours simmental. C’est l’occasion de passer du temps ensemble, d’échanger et finalement, de rompre avec la routine habituelle des travaux à la ferme.

Chez les éleveurs prim’holstein, c’est aussi la déception qui prime. « Le festival, c’est quand même notre événement annuel et, pour les syndicats d’élevage, c’est la principale rentrée d’argent, celle qui permet notamment d’organiser notre sortie annuelle, indique Jean-François Dintinger, président du syndicat des éleveurs prim’holstein et de l’Union des éleveurs du Bas-Rhin. Pas de festival, pas de recette : il faudra donc annuler la sortie ou demander aux éleveurs de la financer de leur poche.

École des jeunes : « c’était mon tour »

L’annulation fait aussi des déçus chez ceux qui s’étaient inscrits à l’école des jeunes présentateurs. C’est le cas de Caroline Goos, de Blaesheim. Élève de première au lycée agricole d’Obernai et fille d’éleveur, la jeune fille présente des génisses à Brumath depuis cinq ans. Cette année, elle avait prévu de participer au week-end de formation organisé durant les vacances de Pâques à l’élevage Wilt de Dachstein. Il s’agissait d’apprendre les techniques de clippage et de se perfectionner dans la présentation des animaux en concours. « C’est toujours enrichissant et convivial, j’ai plein d’amis du lycée qui étaient censés participer aussi mais ça a été annulé avec le confinement. J’attendais ça depuis deux ans, ma grande sœur l’a fait avant moi et cette fois-ci, c’était mon tour », se désole la lycéenne.

« Il fallait annuler, on n’avait pas le choix, commente pour sa part Jean-Marie Schoenel. Même si la chose est rare, ce n’est pas la première fois que cette décision est prise, rappelle le président du syndicat de la race montbéliarde. Il y a tout juste vingt ans, en l’an 2000, la fièvre aphteuse avait conduit à faire une croix sur le rendez-vous de Brumath et sur Eurogénétique. Jean-Marie Schoenel espère tout de même que les autres grandes rencontres d’élevage, Agrimax à Metz et le Sommet de l’élevage, à Clermont-Ferrand, pourront tout de même avoir lieu comme prévu en octobre.

Quant au concours interraces d’Alsace Bossue, qui a lieu habituellement fin juin à Lorentzen, aucune décision n’était prise mardi, à l’heure où nous mettions ce numéro sous presse : Thomas Strohm, président du syndicat des éleveurs d’Alsace Bossue, attendait les déclarations du Premier ministre sur le déconfinement, prévues dans l’après-midi, pour décider du maintien ou non de la manifestation.

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