Vie professionnelle

Crise de l’agriculture française

Mobilisation syndicale dans le Haut-Rhin : des agriculteurs plus déterminés que jamais

Publié le 26/01/2024 | par Nicolas Bernard

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Des barbecues pour se réchauffer et garder de l’énergie pour une nuit qui s’annonce longue.
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C’est parti pour une longue nuit de blocage, mais avec le sourire.
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Florent Pierrel, président des Jeunes Agriculteurs du Haut-Rhin : « Il y en a marre de tous ces effets d’annonce »
Nicolas Bernard
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Thierry Queffélec, préfet du Haut-Rhin : « Si produire veut dire se tuer au travail, c’est le déshonneur de la République. »
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Pascal Wittmann, président de la FDSEA du Haut-Rhin : « Nous sommes déterminés. »
Nicolas Bernard
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Gilles Ehrhart, président de l’Ava : « Aujourd’hui, toute la viticulture française va mal. »
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Malgré une circulation fortement perturbée, plusieurs klaxons de soutien aux agriculteurs ont été entendus.
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Un moment de revendications, mais aussi de convivialité pour les manifestants.
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De l’autre côté du Rhin, les préoccupations sont les mêmes pour les agriculteurs.
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Plus de 600 agriculteurs se sont mobilisés sur l’autoroute A35.
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Benjamin Lammert, président de la FOP : « Il faut que l’administration et les politiques changent d’état d’esprit »
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L’unité syndicale était de mise à Niederhergheim.
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Pascal Wittmann : « Stop à la technocratie européenne ! Stop à la surtransposition des normes à la française ! »
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Des petites mains pour faire passer de grands messages.
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Thomas Obrecht, président de l’Apco : « Il y a des lignes rouges qui ne doivent pas être dépassées par l’État. »
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Plusieurs agriculteurs allemands sont venus soutenir leurs homologues haut-rhinois.
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La même banderole qu’il y a quinze pour les horticulteurs alsaciens, mais des problématiques toujours d’actualité.
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Comme ailleurs en France, les entrepreneurs des territoires alsaciens ont tenu à être présents pour soutenir les agriculteurs, mais aussi pour exprimer leurs inquiétudes comme la hausse du prix du GNR.
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Plus de 300 de tracteurs se sont déplacés, soit bien plus que prévu par les organisateurs.
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L’autoroute A35 est bloquée dans les deux sens.
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La vallée de Munster et ses éleveurs ont bien rappelé à quel point « on marche sur la tête ».
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Des jeux de mots mais des messages forts.
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La convergence des deux cortèges de manifestants sur l’autoroute A35.
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Un slogan fort pour secouer les consciences.
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Les forces de l’ordre étaient bien présentes mais sont restées discrètes.
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Un message en anglais pour rappeler que la problématique des agriculteurs haut-rhinois va bien au-delà de ses frontières.
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Un lâchage de pneus au milieu de l’autoroute en guise d’avertissement.
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Le choix du portique écotaxe comme lieu de ralliement est un message fort envoyé par les manifestants aux pouvoirs publics et à la Collectivité européenne d’Alsace qui soutient le projet air pass.
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Tout est dit.
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L’autoroute A35 vide de toute circulation, un moment assez surprenant.
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Les cortèges sont arrivés au point de rendez-vous encadrés par les forces de l’ordre.
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Plus de 300 tracteurs et 600 exploitants ont pris part à la mobilisation agricole haut-rhinoise qui s’est concentrée sur l’autoroute A35 à Oberhergheim. Elus syndicaux et représentants de filières ont affiché leur détermination commune à « faire bouger les lignes » au niveau départemental, national et européen, quitte à maintenir la pression jusqu’au Salon de l’agriculture s’il le faut.



Pascal Wittmann, président de la FDSEA du Haut-Rhin : « Nous sommes déterminés »

« Aujourd’hui, c’est toute l’Europe agricole qui manifeste. On demande tous la même chose : pouvoir vivre dignement de notre métier. Et on fera un grand pas si on nous supprime beaucoup de directives. Nous voulons juste pouvoir notre métier tranquillement, à savoir nourrir la population. On veut des prix justes pour que l’agriculteur puisse vivre dignement de son métier. Est-ce normal que des agriculteurs ne puissent pas prendre deux jours de congé car ils n’ont ni le temps, ni le revenu nécessaire ? Stop à la technocratie européenne ! Stop à la surtransposition des normes à la française ! Nous demandons donc à notre gouvernement des mesures immédiates. On veut que la taxation sur le GNR soit tout de suite enlevée et que la ZNT soit immédiatement supprimée également. L’agriculture n’est pas contre l’écologie, mais contre l’écologie punitive. Ce qui veut dire pas de directives sans solutions alternatives viables pour les agriculteurs. Maintenant, nous sommes déterminés. Si le gouvernement ne bouge pas concrètement, il y aura d’autres actions concrètes de notre part. Nous restons très attentifs. »

Florent Pierrel, président des Jeunes Agriculteurs du Haut-Rhin : « Il y en a marre de tous ces effets d’annonce »

« Il y en a marre de tous ces effets d’annonce. Nous comptons sur vous Monsieur le préfet pour faire remonter ce message en plus haut lieu. Il faut désormais de l’ambition, de la dignité, de l’eau et du concret. »

Nicolas Dieterich, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs du Haut-Rhin : « Ça ne suffit plus, ça ne va plus ! »

« Aujourd’hui, nous avons réussi l’unité syndicale, quels que soient nos âges, autour d’une seule et même cause : qu’on arrête de nous faire chier avec une nouvelle norme tous les deux jours. Maintenant ça suffit quand on voit ce qu’il nous reste à la fin du mois. Ça ne suffit plus, ça ne va plus ! Notre mission en tant que JA est d’installer des jeunes en agriculture. Mais vers quoi on les envoie ? Autant les envoyer vers le suicide tout de suite. Donc, si on n’a pas de retour concret du gouvernement très rapidement, on ressortira ! »

Thomas Obrecht, représentant les céréaliers haut-rhinois : « Il y a des lignes rouges qui ne doivent pas être dépassées par l’État »

« Nous partageons des problématiques avec nos voisins européens comme la reconnaissance de notre métier, ou l’augmentation de la taxe sur le GNR qui est insoutenable. Mais nous avons aussi des dossiers plus locaux, comme l’eau bien sûr, mais plus globalement une réglementation franco-française plus dure que dans le reste de l’Europe. On demande un coup d’arrêt immédiat sur toutes les lourdeurs administratives qu’on nous impose. Au niveau départemental, cela fait 25 ans qu’on demande un transfert des canaux de la Hardt vers un acteur local. Mais on n’a pas l’impression que ça bouge. Nous demandons aussi à la CEA de faire un effort sur l’écotaxe, le R-pass, qui est un projet qui avance très vite et qui menace toutes nos filières. À chaque passage sous ces portiques, on serait taxé, ce qui serait une distorsion de concurrence de plus. Est-ce que cette mobilisation sera suffisante cette fois pour nous faire entendre ? Aujourd’hui, il y a trois cents tracteurs et plus de 500 personnes. L’étape d’après sera une mobilisation encore plus intense sur notre territoire, et une mobilisation pourquoi pas nationale avec une convergence de tous les départements sur Paris. Si les annonces ne sont pas à la hauteur, on va monter en pression dans les régions au niveau national. Il y a des lignes rouges qui ne doivent pas être dépassées par l’État. On a plein de sujets, quelles que soient les filières, où les détails ne sont pas réglés. On veut que cela avance vraiment maintenant, que des décisions fortes soient prises, et vite. »

Gilles Ehrhart, représentant la viticulture alsacienne : « Aujourd’hui, toute la viticulture française va mal »

« Les viticulteurs sont aux côtés des agriculteurs, car ils partagent les mêmes difficultés. Aujourd’hui, la grande distribution, les grands metteurs en marché nous empêchent de vivre, nous empêchent d’avoir une rémunération correcte. Nous connaissons les mêmes problèmes de surtransposition des normes à la française. On nous en demande toujours plus alors que dans le même temps on importe n’importe quoi. Aujourd’hui, toute la viticulture française va mal, même en Champagne. Ça suffit. Des choses doivent bouger au niveau européen, mais aussi au niveau local. Le projet de R-pass soutenu par la CEA va pénaliser fortement nos entreprises viticoles. C’est une taxe injuste, trop lourde et qui ne fait payer que nous. »

Benjamin Lammert, représentant de la filière oléoprotéagineuse : « Il faut que l’administration et les politiques changent d’état d’esprit »

« Ça suffit, on n’en peut plus. On fait tous le même constat : on a sur avalanche de réglementations qui arrive de Bruxelles et qui est aggravée par Paris. Maintenant, stop ! Le gouvernement doit comprendre qu’il faut changer d’état d’esprit et de manière de faire. De notre côté, un signal très fort doit être envoyé jusqu’au Salon de l’agriculture. Il faut que chaque jour, partout en France, on se relaie pour mener tout un tas d’actions car il faut vraiment que ça change tout de suite. Donc plus de ZNT, pas de contrainte supplémentaire sur le GNR, et il faut mieux gérer l’eau pour en avoir plus quand c’est nécessaire. Il faut que l’administration et les politiques changent d’état d’esprit. Il va falloir taper fort et dur et longtemps pour arriver à ça. »

Claude Gretter, représentant des entrepreneurs de travaux agricoles : « Les agriculteurs ont déjà beaucoup de difficultés, il ne faut pas leur en rajouter »

« Partout en France aujourd’hui, les entrepreneurs sont dehors aux côtés des agriculteurs. Cette mobilisation est une réussite. Les entrepreneurs de travaux agricoles sont les plus grands consommateurs de GNR. Si son prix augmente, il faut nécessairement qu’on augmente nos tarifs, sinon on perd de l’argent. Mais cela voudrait dire augmenter la facture pour les agriculteurs. Ils ont déjà beaucoup de difficultés, on ne voudrait pas leur en rajouter. On demande que la subvention qu’on a toujours eue pour le GNR soit maintenue. »

Paul-André Keller, représentant des horticulteurs : « À un moment donné, la passion ne suffit plus »

« D’une part, nous sommes présents aujourd’hui par solidarité avec les agriculteurs. Nous partageons beaucoup de préoccupations similaires, la question de l’énergie en premier lieu. L’ensemble de nos charges a flambé en deux ans et demi. Les contraintes administratives continuent à s’accumuler. Vous voyez cette banderole ? Ce sont les mêmes slogans qu’il y a quinze ans. Quasiment rien n’a changé de manière positive pour notre profession. Par contre, le poids de la bureaucratie n’a fait qu’empirer. Aujourd’hui, trop c’est trop. Est-ce que cette manifestation va enfin changer la donne ? Je ne sais pas, j’espère. Mais entre être entendu et écouté, il y a un monde. De la résignation ? Il y a toujours une lueur d’espoir. Nous sommes tous des passionnés et on continue à y croire. Malgré tout, on voit bien qu’il y a de moins en moins de jeunes qui veulent reprendre. À un moment donné, la passion ne suffit plus. Il faut espérer que cette mobilisation serve enfin à quelque chose. »

Thierry Queffélec, préfet du Haut-Rhin : « Si produire veut dire se tuer au travail, c’est le déshonneur de la République »

« Votre mobilisation démontre qu’il y a besoin profond de votre profession qui doit être entendu. Chacun doit pouvoir vivre de son travail. Si produire veut dire se tuer au travail, c’est le déshonneur de la République et de tout un chacun. Mon rôle est de relayer les informations au Gouvernement en toute objectivité. Si ça ne va pas, je sais dire que les choses ne vont pas. Je suis venu pour ressentir et comprendre le fond de votre colère. La pression que vous subissez via l’agribashing n’est pas supportable. Car le but c’est quoi ? C’est comment préparer la transmission de vos exploitations, comment donner envie à des jeunes de s’investir dans ce métier. Si on n’y arrive pas, votre profession va s’essouffler, comme l’ensemble de la société française. Tous les jours, on mange et on a besoin de vous. Vous faites une mission plus qu’honorable et cet honneur doit être rendu à un moment donné. »

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