Élevage

Taurillons scottish highlands à Reichstett

Des tondeuses à poils

Publié le 19/08/2020

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Johannes Egger, copropriétaire des taurillons Scottish Highlands, devant le Fort Rapp de Reichstett.
Germain Schmitt
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Hercule, Murphy et Neil suivant Johannes Egger dans le fossé du Fort.
Germain Schmitt
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Les chèvres veillent sur le Fort depuis près de vingt ans. Elles participent aussi, à leur niveau, au broutage.
Germain Schmitt

Depuis plus de trois ans, six taurillons sont en charge de l’entretien des espaces verts du Fort Rapp de Reichstett. Leur présence étonne et révèle un véritable accord gagnant-gagnant entre la municipalité et les éleveurs.

Johannes Egger, habitant de Reichstett, près de Strasbourg, est aussi chef de l’entreprise Espace couvert, dans la zone industrielle du village. Associé à un éleveur de Mothern, Frank Lehmann, Johannes s’est lancé dans la recherche de terrains pour faire pâturer leurs bêtes. Au détour d’une rencontre avec Rüdiger Störk, président de l’association patrimoine et histoire, et gérant du Fort Rapp de Reichstett, une idée est née dans l’esprit de Johannes : faire pâturer des animaux dans le fossé du Fort. Si des chèvres y sont en liberté depuis près de vingt ans, installer six taurillons scottish highlands est une autre paire de manches. Après avoir fait une demande officielle en mairie, le projet a été accepté. Il a alors fallu installer des abris et des espaces pour étancher la soif des animaux. Trois ans plus tard, les bêtes sont toujours là et la municipalité est « très satisfaite de ce qui a été fait, nous sommes prêts à continuer », affirme Patrick Eckart, adjoint au maire de Reichstett. Les bêtes vivent dans des conditions optimales et leur implantation au Fort se révèle bénéfique pour les deux partis.

« Des bêtes robustes »

Sur les six bêtes présentes au Fort, seules trois ont bien voulu se montrer ; le sac de pain tenu par Johannes Egger n’y est pas pour rien. Les taurillons, baptisés Hercule, Murphy et Neil, sont âgés de deux ans à deux ans et demi. L’un est de couleur noire et les deux autres sont roux. Les highlands existent en plusieurs coloris : « Le plus courant est le roux, mais ces vaches peuvent aussi être blanches, blondes, noires et grises », détaille Johannes.

Le fossé est un pâturage de choix pour les bêtes. « C’est très ombragé et toujours humide malgré l’été et la canicule, c’est très agréable », affirme Johannes Egger. Vivre à l’extérieur n’est pas un problème pour elles. « Ce sont des vaches robustes, habituées à vivre toute l’année à l’extérieur, elles ne craignent pas les intempéries », ajoute-t-il. Comparées à d’autres vaches, « elles sont courtes sur pattes ». Lorsque l’éleveur veut les caresser, il fait bien attention à tenir leurs cornes pour éviter tout accident regrettable.

Un pari gagnant

Au total, le cheptel de Johannes et Frank compte 65 animaux. S’il y en a encore une dizaine à Mothern, les autres sont disséminés sur plusieurs terrains : derrière l’entreprise Gebo et au Fort Rapp à Reichstett, ainsi qu’au Parc du Pourtalès, où elles sont d’ailleurs « trop nombreuses, il y a trop peu à brouter », déplore Johannes Egger. Si les vaches sont si éloignées de leur pâture d’origine, c’est pour une bonne raison : « Ici à Mothern, il n’y a pas beaucoup de pâtures, celles de Reichstett sont bonnes et ça m’arrange bien », explique Frank Lehmann, propriétaire des bêtes. « L’économie pour nous n’est pas très importante, elle représente la location d’un à deux hectares environ. C’est surtout un bon moyen de se faire connaître auprès de la population », conclut l’agriculteur.

Exploitant agricole depuis 2006, le mothemois, aidé de sa famille, élève et fait reproduire une trentaine de chevaux de trait ardennais. Il élève aussi une cinquantaine de porcs de la race schwäbisch-hällisches et des vaches highlands pour leurs viandes. Entre septembre et mars, les vaches de plus de trois ans et demi seront envoyées à l’abattoir de Sarrebourg. Trois semaines après l’abattage, la viande sera commercialisée sous vide, en vente directe.

Patrick Eckart, adjoint au maire de Reichstett depuis plus de trois mandats, a « personnellement donné l’aval pour ce projet ». Pour la commune, « les retombées sont avant tout économiques, nous n’avons pas besoin de passer la tondeuse et d’y assigner un agent communal », affirme l’adjoint. Pour lui, « c’est près de 2 000 euros qui sont économisés à l’année ». Le véritable avantage ne réside pas dans l’argent. D’après Patrick Eckart, c’est « la réduction de l’impact environnemental qui importe. Les vaches sont plus respectueuses de l’environnement qu’une tondeuse qui fonctionne à l’essence ». D’autres terrains du village auraient peut-être pu bénéficier du même service de tonte, avec highlands ou pas, mais « la commune ne dispose pas d’autres endroits permettant d’y installer des animaux », ajoute Patrick Eckart.

 

 

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