Vigne

Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace

Communiquer pour répondre à la crise

Publié le 03/07/2020 | par Jean-Michel Hell

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« La crise Covid-19 a laissé place à une crise économique majeure avec un impact considérable pour notre vignoble et nos entreprises », a posé d'embée le président du Civa, Didier Pettermann.
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Un visuel de la campagne de communication du CIVA.
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Campagne Civa
Le Civa imagine une campagne co-construite avec la profession ; unique dans l'univers des interprofessions.
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La crise sanitaire a amplifié la crise économique dans le vignoble. Les ventes de vins d’Alsace se sont effondrées. Le Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace (Civa) présente « son plan de rebond » alors qu’un débat sur les rendements du millésime à venir divise les producteurs.

L’assemblée générale du Civa, qui s’est tenue vendredi 26 juin au caveau du domaine Rolly-Gassmann à Rorschwihr, s’est déroulée dans une ambiance tendue, et au lendemain d’une manifestation où se sont retrouvées plusieurs centaines de professionnels devant la maison des vins d’Alsace à Colmar. Une action commentée « en off » de longues minutes avant l’entame de la partie statutaire. Quand le micro s’est ouvert, le président du Civa, Didier Pettermann, n’a pas éludé le sujet. « La crise Covid-19 a laissé place à une crise économique majeure avec un impact considérable pour notre vignoble et nos entreprises. Certaines d’entre elles ont une activité proche de zéro depuis début mars. Notamment, celles qui vivent du tourisme et de la restauration. Des décisions importantes s’imposent. C’est d’autant plus frustrant qu’au début de cette année 2020, la croissance revenait. Elle avait été impulsée par la dynamique politique lancée par le Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace », explique en préambule Didier Pettermann.

Une politique de relance et de communication qui avait suscité l’intérêt des consommateurs. « Après une tendance à la baisse amorcée il y a dix ans et une diminution majeure depuis quatre ans, les ventes de nos vins d’Alsace avaient recommencé à redresser la pente en 2019 (932 005 hl contre 909 067 hl en 2018, soit une hausse de 2,5 %). Mais, cette crise sanitaire a coupé net notre action. On finira 2020 loin de nos ambitions même si toute l’équipe du Civa lutte contre l’impact du Covid-19. Pendant tout le confinement, et aujourd’hui encore, nous travaillons pour valoriser les spécificités de la viticulture alsacienne. Nous nous intéressons à différents sujets conjoncturels et structurels », ajoute Didier Pettermann. Néanmoins, la réalité économique est là. Il y a désormais 32 à 34 mois de vins dans les caves. La crise sanitaire et le confinement ont accéléré la baisse brutale des ventes : -22 % de commercialisation en mars, -47 % en avril et -33 % en mai. « Sur ces cinq premiers mois de l’année 2020, cette baisse est de 21 %. Si l’AOC Alsace (-21,1 %) et le crémant (-20,9 %) sont touchés de la même façon, les grands crus ont plongé de 36 %. Cette baisse globale est plus significative en France (-24,6 %) qu'à l’export (-12,4 %) », explique le directeur du Civa, Gilles Neusch.

 

 

 

« Une réaction collective s’impose »

Il y a cependant d’énormes disparités. 178 entreprises situées entre 400 et 5 000 hl de ventes par an sont davantage impactées (-11,2 %) que les 544 entreprises qui vendent moins de 400 hl (-9,7 %). Quant à celles qui vendent plus de 5 000 hl, soit 22 opérateurs, elles observent une baisse de -3,7 %. Certaines étaient encore en croissance à l’issue de cette période : soit respectivement 40 entreprises, 154 et 4. « Ces chiffres et cette réalité ne peuvent pas nous laisser indifférents. Individuellement, chacun voit midi à sa porte. Mais aucune entreprise ne peut rester les bras croisés. Une réaction collective s’impose. Il y a un problème. Nous devons travailler tous ensemble pour rétablir la situation économique de toutes nos entreprises », estime Didier Pettermann. Il a ensuite rendu un hommage appuyé au président de l’Association des viticulteurs d’Alsace (Ava), Jérôme Bauer. « Il doit composer avec 3 800 visions personnelles. Dans ces conditions difficiles, il assume ses fonctions », lance le président du Civa dans un silence assourdissant.

Cette réaction collective, le Civa compte l’initier à travers un « un plan de rebond » qui n’est pas un plan de relance aux dires de Philippe Bouvet, directeur marketing, pour qui le vignoble alsacien est le premier de l’hexagone à réagir aussi massivement. Il est axé sur plusieurs principes fondamentaux. « Le premier est de ne pas chercher à dévier de notre stratégie sur l’aval mais l’adapter, voire la renforcer, en poussant davantage certains leviers. Le second est de chercher à déployer des actions optimales, adaptées, d’ampleur et efficaces, plutôt que de simples petites initiatives qui cherchent à rassurer. Le troisième est d’être en veille permanente sur ce qui se fait ailleurs en France comme à l’international, dans les vins comme dans les bières, les cosmétiques ou la restauration. Il faut un vrai plan global. Enfin, le quatrième axe consiste à faire de notre union un avantage compétitif. « Nous devons entretenir les liens entre et avec les entreprises, maintenir la dynamique collective », insiste Philippe Bouvet. Parmi ces pistes d’actions, il faut retenir le soutien à la restauration, la stimulation des ventes dans les caveaux, un plan à l’export pour accompagner les clients, communiquer encore davantage et mieux sur les vins d’Alsace. Il nous faut un véritable désir de vin d’Alsace », conclut Philippe Bouvet.

Le Civa soutient ainsi l’opération « J’aime mon bistrot » et compte engager dès ce mois de juillet une action promotionnelle où tout consommateur de vins d’Alsace sera incité à prendre la photo d’un verre ou d’une bouteille et à la poster avec le hashtag #alsacerocks, à travers un jeu concours doté de prix incitatifs qui doit compléter la campagne de communication actuelle montrant les portraits de vignerons qui s’affichent sur les bus, stations de métros et gares parisiennes.

 

 

Une année 2019 encourageante

Le directeur du Civa, Gilles Neusch, a confirmé, par les chiffres, cette encourageante année 2019. À la fin décembre 2019, 55 % des entreprises du vignoble étaient en croissance. Les ventes de vins d’Alsace étaient en hausse de 2,6 % en métropole (692 751 hl), de 2,2 % à l’export (240 254 hl) et en valeur marchande de 141 millions d’euros, en hausse de 3 %. La Belgique restait le premier marché extérieur des vins d’Alsace, suivi des États-Unis, de l’Allemagne, du Canada, de la Suède, du Danemark et de la Grande-Bretagne. Les ventes en GMS étaient légèrement en progression au niveau national alors que l'« e-commerce » se développe considérablement (+7,1 % en volume et +8 % en valeur). Les vins blancs d’Alsace tranquilles représentent 22 % des parts de marché en France, avec une dominante dans le Grand Est (61 %). Le crémant d’Alsace, lui, est systématiquement en tête, en parts de marché, dans les GMS, mais elles ne sont que de 34,9 % dans les cafés, hôtels et restaurants. Enfin, la commercialisation moyenne des vins d’Alsace de 2017 à 2019 a été de 927 817 hl sur une base de 15 624 hectares.

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